Quels sont les signes d’une perte de contrôle et d’une surconsommation ?
Selon le degré de dépendance, les signes révélateurs d’une perte de contrôle ou d’addiction peuvent survenir de façon plus ou moins intense. Néanmoins, ils s’accompagnent en général de conséquences négatives dans la sphère privée ainsi que professionnelle. Quels signes doivent alerter ? Comment les interpréter ? Quels sont les symptômes typiques d’une addiction ou d’une perte de contrôle ? Les réponses.
Impossibilité de résister à la tentation
De manière générale, une personne addict ne peut résister à l’envie d’assouvir son besoin de consommer : on parle de besoin impérieux. Un besoin impérieux traduit une perte de contrôle, via une envie irrépressible de consommer ou de faire quelque chose, en dépit des méfaits connus que cela engendre (par exemple : un besoin de fumer)8. Très souvent, ce besoin se traduit par une augmentation de la tension nerveuse avant le passage à l’acte1. Une fois le comportement réalisé ou la substance consommée, alors la tension fait place à un sentiment de soulagement temporaire.
Mais très vite, un sentiment d’anxiété ou de mal-être apparaît entraînant un cercle vicieux qui pousse à consommer ou à reproduire le même comportement : on parle de « craving »2. Le craving se traduit par une pulsion à l’origine d’une envie irrépressible de consommer un produit psychoactif ou de reproduire un comportement gratifiant mais non voulu.
Sentiment de soulagement
Lorsqu’un produit ou un comportement devient addictif, son manque crée du stress et sa consommation entraîne un sentiment de soulagement.
À la longue, ce schéma répétitif entraîne une perte de contrôle3, car on ne consomme plus par envie, mais par besoin.
Lorsque l’addiction est installée, des symptômes physiques (tremblements, sudation, etc.) peuvent s’ajouter aux symptômes psychologiques (nervosité, angoisse, etc.)4 : on parle de symptômes de manque, car ils apparaissent dès qu’un manque ou un besoin se fait sentir vis-à-vis d’une substance ou d’un comportement.
Quels symptômes révèlent une addiction ?
Selon le degré d’addiction, les symptômes peuvent être d’ordre physique ou d’ordre psychologique.
Ils peuvent se traduire généralement en période de manque ou encore de sevrage5. Le sevrage désigne la période d’abandon d’une addiction ainsi que l’ensemble des symptômes qui l’accompagnent.
Psychologiquement, on voit apparaître une agitation, des troubles du sommeil et de la concentration, de l’anxiété voire, pour les cas graves, des attaques de panique ou des hallucinations.
Physiquement, on peut voir apparaître des tremblements, une sudation excessive, des céphalées et des troubles du transit.
Comment reconnaître une personne dépendante ?
L’addiction est une maladie qui n’épargne personne. Elle peut concerner aussi bien les femmes que les hommes, à n’importe quel âge et quel que soit le milieu social. D’un point de vue extérieur, certains signes peuvent alerter sur une probable addiction6, comme :
- Un changement d’apparence, une hygiène négligée, une perte de poids,
- Un logement qui se dégrade, un environnement sale,
- Un désintérêt pour les événements sociaux, un désinvestissement, un isolement social ou familial,
- Un absentéisme au travail, un manque de ponctualité,
- De fortes variations d’humeur avec irritabilité,
- Des difficultés à parler (dysarthrie),
- Des troubles de la mémoire et de la concentration.
Attention, ces signes ne sont pas spécifiques de l’addiction, ils peuvent être le reflet d’autres pathologies (dépression, burn-out, etc.) ou de préoccupations psychologiques.
Un état de préoccupation
La préoccupation psychologique est caractéristique de l’addiction, car elle montre à quel point la substance ou le comportement occupe les pensées de manière excessive.
En situation d’addiction, il est fréquent que l’on planifie ou que l’on anticipe ses prochains comportements ou achats de substance, car peu à peu, l’addiction orchestre la vie.7.
D’ailleurs, ces pensées peuvent être déclenchées par divers stimuli associés à la substance (un lieu, des personnes, un moment de la journée, etc.) et sont motivées par un besoin impérieux de consommer ou de reproduire un comportement.
Sources :
1. De Courcy S, Picard E. Addictions et relations de dépendance et codépendance : Guide à l’usage des étudiants et des professionnels. Belgique : Mardaga. 2021.
2. Auriacombe Marc, Fuschia Serre, et Mélina Fatséas. « Le craving : marqueur diagnostique et pronostique des addictions ? », Michel Reynaud éd., Traité d’addictologie. Lavoisier. 2016, pp. 78-83.
3. Dossier de l’INSERM intitulé « Addictions : du plaisir à la dépendance ». Publié en septembre 2020. Disponible : https://www.inserm.fr/dossier/addictions/
4. Article de Dr Claire Lewandowski, psychiatre, intitulé « Comment reconnaître les signes de la dépendance ? ». Consulté en juillet 2022. Disponible : https://www.medecindirect.fr/blog/20190423-reconnaitre-comprendre-dependance
5. Haute Autorité de Santé. Objectifs, indications et modalités du sevrage du patient alcoolodépendant. Saint-Denis La Plaine : HAS. 1999.
6. Lejoyeux Michel. Addictologie. France, Elsevier Health Sciences. 2017.
7. Couteron, Jean-Pierre. « 9. Le concept d’addiction », Alain Morel éd., Addictologie. En 49 notions. Dunod. 2015, pp. 79-89.
8. Reynaud, Michel. « Addictologie et psychiatrie : allons-nous enfin célébrer un mariage de raison ? », L’information psychiatrique, vol. 85, no. 7. 2009, pp. 593-596.