Addictions : les comportements qui augmentent le risque et ceux qui protègent.

Si l’addiction peut concerner diverses catégories d’âge et de classe socio-économique, nous ne sommes cependant pas tous égaux face aux risques. Il existe en effet de nombreux facteurs individuels de vulnérabilité mais aussi de protection face au risque de dépendance.

Certains facteurs peuvent favoriser la consommation de substances psychoactives, augmenter les préjudices et le risque d’addiction, ou au contraire prévenir ou atténuer ces différents phénomènes. Il peut s’agir de caractéristiques individuelles ou bien environnementales. Tous ces facteurs interagissent entre eux de façon complexe et difficile à prévoir : l’addiction est une maladie multifactorielle.

Facteurs de vulnérabilité

Les facteurs qui augmentent le risque de troubles associés à l’usage de substances et/ou d’addiction sont de différents types.

Il y a des facteurs individuels, qui sont donc propres à chacun d’entre nous :

  • les expériences de vie : le stress précoce et/ou chronique peut par exemple modifier durablement le fonctionnement du cerveau, et le rendre plus vulnérable face au risque d’addiction. Une fragilité psychique passagère ou chronique (anxiété, dépression, impulsivité, mauvaise estime de soi…) favorise aussi la consommation de substances psychoactives et les pratiques addictives.
  • les effets ressentis lors de la première consommation : les réactions d’une personne lorsqu’elle consomme pour la première fois une substance psychoactive peuvent influencer la relation qu’elle aura par la suite avec ce produit. Si cette première expérience est positive, avec une sensation de plaisir et de récompense et peu ou pas d’effets secondaires négatifs, cela peut favoriser la consommation régulière et donc l’addiction. Si des effets psychotiques (troubles auditifs et visuels, hallucinations, troubles du comportement…) se manifestent, il y a par contre un risque accru d’apparition de troubles psychiatriques si la consommation persiste.
  • l’âge au moment des premières expérimentations : à l’adolescence, le cerveau n’a pas fini son développement et il est plus vulnérable face aux risques de troubles comportementaux et de dépendance.
  • les prédispositions génétiques : des études scientifiques sur des familles et des groupes de jumeaux ont montré qu’il existe des caractéristiques héréditaires liées au fonctionnement de notre cerveau qui augmentent la sensibilité aux substances psychoactives et donc au risque d’addiction et/ou de pathologies psychiatriques liées à la consommation de ces substances.

Il existe par ailleurs des facteurs environnementaux, qui ne dépendent pas du consommateur lui-même :

  • le type de produits consommés : la toxicité, le risque de dépendance et d’effets nocifs diffèrent beaucoup d’une substance à l’autre. La nicotine contenue dans le tabac est ainsi reconnue comme étant l’une des substances les plus addictives.
  • les modalités de consommation : plus la dose (en quantité et/ou en concentration) est importante, et plus il y a de risques. Par ailleurs, les substances absorbées par injection ou « sniff » sont plus difficiles à consommer, mais les risques de dépendance sont plus importants. La polyconsommation (consommation simultanée ou en alternance de plusieurs substances psychoactives) multiplie elle aussi les risques d’effets négatifs et d’addiction.
  • la disponibilité des substances ou de réalisation des comportements : plus il est facile de se procurer une substance et de la consommer, et plus le risque d’addiction est important. De fait, les substances licites (alcool, tabac, médicaments psychoactifs) sont plus à risque d’addiction que les substances illicites (cannabis, cocaïne, héroïne…). Dans tous les cas, le prix est aussi un facteur important.
  • la valorisation des produits ou des comportements : lorsque la consommation de substances psychoactives est associée à des comportements sociaux valorisés par la société ou les pairs (fête, séduction, performance sportive ou professionnelle…), le risque d’addiction est plus important.

Facteurs de protection

Il est très important de prendre en compte aussi l’existence de facteurs de protection contre les risques de troubles associés à l’usage de substances et/ou d’addiction. Ils permettent notamment la mise en place de mesures de prévention contre la consommation et l’addiction à des substances psychoactives. Ces facteurs de protection sont de différents types :

  • la connaissance des produits et des risques : être informé sur les différents risques associés à la consommation de substances psychoactives, et connaître ses propres limites est en soi un facteur de protection. Il est donc crucial d’informer sur le tabac, l’alcool et les drogues, sur la base des connaissances scientifiques.
  • les compétences psychosociales : développer son esprit critique et sa capacité de résistance aux influences extérieures (l’effet « groupe », le marketing des industries du tabac et de l’alcool…) limite les risques de consommation et d’addiction aux substances psychoactives. Selon l’Organisation Mondiale de la Santé, les compétences psychosociales se développent au cours de l’éducation et tout au long de la vie. Elles permettent l’adoption de comportements favorables à la santé et au bien-être, et peuvent se résumer ainsi : apprendre à résoudre des problèmes et à prendre des décisions, avoir une pensée créative et critique, savoir communiquer efficacement et être habile dans les relations interpersonnelles, avoir conscience de soi et avoir de l’empathie pour les autres, savoir gérer son stress et ses émotions.
  • les relations sociales : un climat amical, familial et/ou professionnel serein est associé à un moindre risque de mésusage ou d’addiction aux substances psychoactives. Le dialogue entre parents et enfants est notamment très important, et ne doit pas être centré sur la répression, mais au contraire sur l’information et le développement des compétences psychosociales.

Pour résumer, si les facteurs socioculturels et environnementaux jouent un rôle majeur dans l’expérimentation et l’initiation à la consommation de substances psychoactives, ce sont les facteurs psychologiques et biologiques qui influencent le plus le risque de mésusage et de dépendance. Mieux connaître l’ensemble de ces facteurs est en soi un moyen de prévenir les comportements inadaptés et/ou addictifs face à ces substances. 

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