Peut-on éviter de devenir addict ?

Une addiction ne s’installe pas du jour au lendemain chez un individu.  

Avec ou sans substance, une addiction est la rencontre entre un produit ou un comportement, avec une personnalité et une circonstance. La première étape pour sortir d’une addiction est de prendre conscience qu’elle existe, et cette prise de conscience passe par la reconnaissance d’un problème vis-à-vis d’une substance ou d’un comportement. Or, nul besoin d’attendre que l’addiction s’installe pleinement pour s’en apercevoir et rectifier le tir. Comment remarquer un problème de consommation ? Peut-on éviter de devenir addict ? Si oui, comment ? Quels conseils pour y parvenir ? 

Ce qu’il faut retenir :

Une faible dose est-elle synonyme d’un faible risque d’addiction ?

L’idée selon laquelle une petite consommation n’est pas problématique est fausse.

En effet même à faible dose, une substance peut causer des problèmes de santé.

Par exemple, en petite quantité, le cannabis peut accélérer l’apparition de troubles psychiatriques1 (schizophrénie, etc.).

De même, un seul verre d’alcool par jour augmente de 0,5 % le risque de développer une maladie (AVC, cancer, etc.)2.

Aussi, nul besoin d’être un « grand fumeur » de cigarettes pour en subir les méfaits : en fumant moins de 5 cigarettes par jour, par rapport aux non-fumeurs, vous triplez le risque d’AVC ou d’infarctus3. Ainsi, tous les produits psychoactifs, quels qu’ils soient, engendrent un risque sur votre santé (physique ou morale), et ce même à faible dose.

Interrogez-vous sur les facteurs qui vous poussent à consommer.

Pour avoir conscience que l’on glisse vers une addiction, il est fondamental de pouvoir prendre du recul, et pour ce faire, il faut s’interroger sur les raisons qui nous poussent à consommer. De la cigarette du matin, à l’apéritif en quittant son travail, en passant par les réseaux sociaux. Consomme-t-on par envie ? Par besoin ? Par habitude ? En se questionnant sur les raisons d’une consommation, on met plus facilement le doigt sur une consommation potentiellement problématique, car une consommation par besoin ou par ennui fait davantage le lit de l’addiction4.  

Identifiez les facteurs déclencheurs pour les éviter.

Dans la démarche de sevrage, il est primordial d’identifier le contexte dans lequel a lieu une consommation. Ceci permet de relever les leviers conduisant à tomber dans l’addiction.  

Consommez-vous avec un même groupe de personnes ou au même endroit ?  

En repérant les facteurs déclencheurs, vous mettrez toutes les chances de votre côté en changeant les habitudes qui entraînent une consommation.  

Ainsi, en évitant telles personnes ou tels lieux, vous limiterez vos occasions de consommer.

Prenez conscience des changements engendrés par votre consommation.  

Une des façons de prendre conscience qu’un problème s’installe vis-à-vis d’une substance ou d’un comportement est de quantifier le temps et l’argent dépensés à son égard.  

Quelle somme dépensez-vous pour un produit ou une substance ? Combien de temps consacrez-vous à un comportement ? Ces dépenses en temps et en argent ont-elles augmenté ces dernières ces derniers mois ? Si oui, cela peut mettre en évidence une consommation ou un comportement qui commence à devenir problématique.  

Abordez le sujet avec un proche ayant un comportement à risque.

Les questions ci-dessus pourront vous aider à engager une conversation avec un proche au sujet d’une addiction. Bien que l’exercice puisse s’avérer difficile, c’est un moment clé pour lui montrer que vous vous souciez de lui ou d’elle. En premier lieu, il convient d’aborder le sujet dans un endroit privé et lorsque la personne n’est pas sous l’emprise de la substance, car l’objectif est de pouvoir mener à bien la discussion. Faites attention aux mots employés et à vos propres préjugés :  par exemple, préférez dire « je suis inquiet, car je crois voir un problème de consommation » plutôt que « je crois que tu bois ou te drogues » qui pourrait être perçu comme violent. Aussi, évitez d’employer des termes comme « drogué » ou « alcoolique » qui sont stigmatisants, mais utilisez plutôt des termes centrés sur la personne comme « consommateur » par exemple.

D’autres conseils à appliquer ?

Une autre question que l’on peut également (se) poser pour mettre la puce à l’oreille est la suivante : vous arrive-t-il de chercher une « bonne excuse » pour justifier une consommation ou un comportement ? Si la réponse est oui, c’est que vous (ou un de vos proches) êtes probablement en train de mentir à vos proches voire à vous-même vis-à-vis d’une substance ou d’un comportement.  

Toutes ces questions que l’on peut (se) poser permettent de prendre du recul vis-à-vis d’un comportement ou d’une substance. Ainsi, plus tôt on prend conscience d’une problématique, plus il sera facile d’y remédier en évitant d’aller jusqu’à l’addiction ou de l’aggraver.6

Sources :

1. Blecha, Lisa, et Amine Benyamina. « Cannabis et troubles psychotiques », L’information psychiatrique, vol. 85, no. 7, 2009, pp. 641-645.

2. Daviet, R, Aydogan G, Jagannathan, K, et al. Associations between alcohol consumption and gray and white matter volumes in the UK Biobank. Nat Commun 13. 2012;1175. https://doi.org/10.1038/s41467-022-28735-5.

3. Carole Hart, Laurence Gruer, Linda Bauld. Does Smoking Reduction in Midlife Reduce Mortality Risk? Results of 2 Long-Term Prospective Cohort Studies of Men and Women in Scotland. American Journal of Epidemiology. Volume 178, Issue 5, 1 September 2013. Pages 770–779.

4. Karila, Laurent et Michel Reynaud. « 7. Facteurs de risque et de vulnérabilité », Michel Reynaud éd. Traité d’addictologie. Lavoisier. 2016, pp. 84-86.

5. Dossier de l’Assurance Maladie intitulé « Addiction : définition et facteurs favorisants » de juin 2022. Consulté le 02/07/2022. Disponible : ici.

6. Dossier de la HAS intitulé « La prévention des addictions et la réduction des risques et des dommages par les centres de soins d’accompagnement et de prévention » de Septembre 2019. Consulté le 02/07/2022. Disponible : ici.

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