Tabac, un facteur de risque ?

    Notre Expert : Pr Jean-Michel CHABOT

Jean-Michel Chabot est médecin et Professeur de santé publique. De 2010 à 2017, il a été conseiller médical de la Présidence de la HAS et membre de la Commission nationale des études de santé (CNES). De 2002 à 2004, il avait été conseiller au cabinet du ministre de la Santé Jean-François Mattéi après avoir été secrétaire de la conférence des Doyens de médecine de 1998 à 2002. Actuellement, il poursuit son activité aux comités de rédaction de la Revue du Praticien et du Concours Pluripro.

Ceux d’entre nous âgés de moins de cinquante ans pourraient, pour la plupart, être surpris par cette interrogation. Et cependant, il suffit de se rappeler ce qu’étaient les années 60 et 70, en revoyant par exemple les films de ces années-là (et leurs principales vedettes –principalement masculines) pour se rendre compte du tabagisme qui sévissait alors. Fort heureusement, une étude parue dans le Bulletin épidémiologique hebdomadaire (BEH), publié par Santé Publique France, à partir de données du « Baromètre santé France 2019 » fait un point très utile sur la question.

Plus de 5000 sujets adultes (entre 18 et 85 ans) représentatifs de la population générale ont été ainsi interrogés sur leur perception du risque de maladie cardiovasculaires lié au tabac ; une telle enquête n’avait plus été réalisée en France depuis près de vingt ans (!) alors que près d’un français sur quatre fume encore quotidiennement.

Ce risque de maladies cardiovasculaires (MCV) est bien connu pour près de 9 français sur 10 ; globalement ce sont les répondants de moins de 65 ans et/ou ayant un niveau d’éducation supérieure qui sont les mieux sensibilisés. Cependant, le risque de MCV est associé à un tabagisme important et reste plutôt méconnu ou encore sous-estimé pour des consommations modérées ou bien récentes (moins de 10 cigarettes/jour ou bien moins de 10 années de tabagisme). Pourtant, il est désormais bien démontré que « la toxicité cardiovasculaire du tabagisme suit une relation dose-effet non linéaire pour laquelle il n’y a pas de seuil de consommation au-dessous duquel le risque est nul ». C’est pourquoi, il faut sans cesse rappeler que les effets peuvent être précoces et pour une très faible consommation de tabac (ou même une simple exposition « passive » à la fumée). En effet, la connaissance des risques sur la santé, associés au tabagisme peut influer positivement sur les comportements.

Pour finir, on peut rappeler qu’en 1993 une étude rapportait que seulement 63 % des cardiologues français citaient le tabac comme un facteur de risque de maladie coronaire et 16 % pour l’AVC, alors qu’ils étaient presque 90 % à citer le tabac comme un facteur de risque de cancer du poumon.

Pr Jean-Michel Chabot

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