Aliments ultra transformés… attention aux effets sur la santé !

Deux études prospectives, l’une américaine et l&rsqauo;autre italienne, publiées début septembre dans le British Medical Journal1 ont montré un lien de causalité entre une consommation d’aliments ultra-transformés et l’augmentation du risque de mortalité, du risque cardiovasculaire et du risque de cancer colorectal chez l’homme.

Elles se basent sur la classification des aliments Nova, qui divise tous les aliments en quatre groupes selon l’étendue et le but de leur transformation. L’étude italienne rapporte que cet effet délétère est indépendant de la qualité nutritionnelle du produit.

La classification NOVA assigne un groupe aux produits alimentaires en fonction du degré de transformation qu’ils ont subi :

  • Groupe 1 – Aliments bruts non transformés ou transformés minimalement
  • Groupe 2 – Ingrédients culinaires ajoutés avec parcimonie dans les préparations (ex : gras, sucres, sel, …)
  • Groupe 3 – Aliments transformés tels que les produits artisanaux (pains ou fromages) ou les plats élaborés chez soi à partir d’une combinaison d’ingrédients simples, culinaires et peu ou pas transformés.
  • Groupe 4 – Produits alimentaires et boissons ultra-transformés. Les produits de ce groupe sont caractérisés par l’ajout d’ingrédients principalement industriels

Le saviez-vous ?

La classification NOVA est née au début des années 2010 au Brésil, sous l’impulsion du chercheur Carlos Monteiro. Les travaux de son groupe de recherche en santé publique à l’Université de Sao Paulo visaient à mieux comprendre les facteurs influençant l’augmentation spectaculaire de surpoids et d’obésité au Brésil. En France aussi, cette classification est utilisée. Une des études NutriNet-Santé a d’ailleurs permis d’évaluer à environ 36 % la part moyenne de calories totales issues des aliments ultra-transformés dans l’alimentation des adultes français.

La plupart des aliments et boissons ultra-transformés* sont des produits riches en matières grasses, en sucre et en sel et pauvres en fibres et en micronutriments. Ils présentent donc un mauvais profil nutritionnel.

Or les résultats issus de l’étude américaine mettent en évidence un surrisque de cancer colorectal chez les hommes consommant le plus d’aliments ultra-transformés. Ainsi, au-delà d’une moindre qualité nutritionnelle, ces produits ultra-transformés présentent un réel risque pour la santé quand ils sont trop souvent consommés.

L’étude italienne menée par les chercheurs de l’institut Neuromed à Pozzilli a évalué en parallèle l’impact sanitaire de la qualité nutritionnelle des aliments, avec l’algorithme utilisé pour le Nutri-Score. Ces analyses ont également permis d’identifier une corrélation entre la qualité nutritionnelle des aliments, la mortalité et le risque cardiovasculaire. Les auteurs estiment que les deux facteurs de risque, la qualité nutritionnelle des aliments et le niveau de transformation, devraient être pris en compte lorsque le lien entre alimentation et santé est analysé.

Qu’y a-t-il à faire ? L’éditorial fait une analogie avec le tabac. Les recommandations internationales doivent évoluer pour prendre en compte le niveau de transformation des aliments, de même que les politiques publiques afin de mieux encadrer leur production, leur consommation et leur promotion. Enfin, les consommateurs doivent être mieux informés ; une évolution et une extension du Nutri-Score à tous les pays européens** seraient bénéfiques. A suivre…

Pour aller plus loin [Que choisir ?]

* Le groupe des aliments ultra-transformés (groupe Nova 4) comprend les boissons gazeuses, les grignotines emballées, pains, gâteaux et biscuits du commerce, les confiseries, les « céréales » sucrées pour le petit-déjeuner, les boissons sucrées à base de lait et de « fruits », la margarine et des produits prétraités prêts à manger ou à réchauffer tels que des hamburgers, des pâtes et des pizzas.
** Sept pays ont déjà adopté le Nutri-Score : la France, la Belgique, l’Allemagne, le Luxembourg, les Pays-Bas, l’Espagne et la Suisse.

Source :

Le problème avec les aliments ultra-transformés (Publié le 31 août 2022). British Medical Journal – BMJ 2022;378:o1972. [En ligne] Consulté le 06/09/2022. Disponible ici.

 

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